Voici un texte que j'ai écrit en français la prof voulait qu'on fasse un parodie ou un pastiche, au choix, du livre Atala de Chateaubriand. J'ai pensé qu'il vous intéresserait, je vous dévoile pas la fin, mais c'est justement la chute qui devrait vous plaire. Pour Situer, Chactas est un indien amoureux d'une métisse (indienne de mère, européenne de père ) très pieuse et fervente catholique. (Atala est devenue Tralala dans ma parodie) En tout cas il avait beaucoup plus à la prof, qui a dit que c'était une réussite complète, j'ai réutilisé des phrases de Chateaubriand en changeant seulement un mot pour lui donner un aspect comique, j'ai aussi réutlisé des phrases tel quelles mais en changeant leur contextes, et pastiché le style flamboyant de l'écrivain, qui, dans le livre originel, fait de longues envolées lyriques sur les descriptions de personages, et fait beaucoup l'éloge de la religion.
Bref, voilà ce que ça a doné, si vous lisez jusqu'au bout vous serez contents je pense
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Le récit de Chactas.
L’image de Tralala ne quittait plus mes pensées depuis cette nuit bénie où je l’avais vue pour la première fois, à demi-voilée, si semblable à la Vierges des derniers Mamours.
La douce et charitable chrétienne avait pris pour habitude de venir me rendre visite à l’heure du repas, m’apportant des dates, des morceaux d’ananas ou autres douceurs pour apaiser ma peine et l’effroi que ma condamnation prochaine était supposée provoquer en moi. Mais bientôt, ses visites se raréfièrent, et, lorsqu’elle me quittait, je décelais sur son visage des marques étranges d’impatience, mêlée de ferveur et d’amour, et qui ne m’était pas destiné.
Mon cœur, si prompt à ces emportements qui ne sont connus que des sauvages, s’enflamma d’une curiosité et d’une jalousie brûlantes, un feu qui sentait le souffre des méchants esprits asséchant ma gorge, alourdissant ma langue et altérant mon humeur. Je me roulais furieux sur la terre en me tordant les bras, en me dévorant les pieds. L’un de mes gardes eût pitié de moi, et consentit à m’avouer que, chaque soir, Tralala se rendait au temple de la Cavern, où les grand esprits prenaient forme humaine devant les yeux des vivants, et régalaient leurs sens de prières et de chants d’amour. Un autre ajouta qu’il ne s’agissait pas de grands esprits mais de quatre des apôtres du Dieu des Chrétiens.
Si ma jalousie s’éteignit, ces paroles ne firent qu’attiser ma curiosité, et j’exprimais à plusieurs reprise le désir de rencontrer de pareils génies. Le soir suivant, comme Tralala ne venait pas, je contais à mon garde, qui n’était pas plus âgé que moi, les tourments de mon âme, les dilemmes qui déchiraient mon cœur, et mon envie de plus en plus pressante de me rendre au temple de la tribu du Scarabée, la Cavern.
A la faveur de la nuit, mon garde me libéra de mes liens, et me guida à travers le lierre et le giraumont qui caressèrent doucement nos épaules, comme pour nous encourager à pénétrer sans peur en ce lieu sacré. Mais pour qui était-il sacré ? Les sauvages, ou les chrétiens qui voulaient les civiliser ? Où encore d’autres peuples inconnus de moi ?
On arrivait à la Cavern par les ruines d’un parking dont on ignore l’origine, et qui est l’ouvrage d’un peuple maintenant inconnu. Je sentis une main se poser sur mon épaule et je sus que ce n’était plus celle de mon ennemi, mais celle d’un compagnon qui avait été touché par le récit de mes infortunes.
Nous atteignîmes bientôt une voûte naturelle de lianes et de fleurs mêlées dont les fragrances s’insinuaient suavement en nos êtres. En moi éclatèrent alors milles couleurs chatoyantes, dans un ciel infini, le vent m’apportait les visions du Meschacébé rugissant, emportant dans sa fureur printanière les séquoias rompus par l’hiver, agrippant follement les débris de roches noires, piégeant les échassiers effrayés par le tumulte des eaux et noyant les troupeaux affamés par le froid passé.
Tout en avançant, et dans ce demi-songe, mon esprit s’enfonçait dans une jungle bruyante et chamarrée, dont la joyeuse exubérance me fit rire aux éclats. De flamboyants iris totémiques s’étiraient tels des jaguars repus, les coloquintes serpentaient au pied d’immenses futées qui m’étaient inconnues. Des singes criards et hirsutes s’invectivaient aux sommets des branches dissimulées par d’immenses fougères argentées, des oiseaux de paradis effarouchés s’envolaient dans des éclairs de pourpre, d’azur et d’or.
Je me sentais oppressé, l’air était immobile, les plantes vomissaient leur parfum douceâtre, à la fois sucré et putride tel un corps en décomposition. Cherchant à m’échapper de ce cauchemar, je me précipitais et tombais à genoux. En me relevant, j’étais dans une caverne. La Cavern.
Je n’étais plus seul. Des dizaines, des centaines de gens se pressaient autour de moi et de mon garde. Ce dernier me regardait avec un demi-sourire, et je vis dans ses yeux les dernières brumes de mes propres hallucinations.
C’est alors que je vis les quatre esprits de l’autre côté de la caverne, pareillement vêtus de noir, leurs cheveux tombant sur leur front. Leur cols serrés auraient pu les faire passer pour des prêtres chrétiens, mais tout dans leur attitude et leur façon d’être démentait cette ressemblance, ainsi que le fait que des femmes aux coiffures défaites, aux visages déformés par d’horribles grimaces, en état de transe, se griffaient les bras et s’arrachaient les cheveux, hurlant avec ferveur et passion alors qu’ils avançaient vers un semblant d’autel.
Partout je cherchais Tralala et mon cœur s’affolait lorsque je distinguais une chevelure noire ou un œil semblable au sien. C’est alors que je la vis non loin, en compagnie d’une autre indienne et de deux blanches, ses yeux émerveillés fixés sur les quatre jeunes hommes. Je remarquais sur son visage un je ne sais quoi de vertueux et de passionné dont l’attrait était irrésistible. Ému par cette expression de ferveur ingénue, je voulus m’approcher d’elle et la serrer contre moi pour lui manifester mon amour et lui montrer que j’étais sensible à tout ce qui pouvait lui plaire. Alors que j’amorçais un geste en sa direction, trois des esprits saisirent leur guitare, ces instruments qui servent aux Européens pour les sérénades, alors que le quatrième s’installait derrière le plus extraordinaire assemblement de tambours et de cymbales que j’ai jamais vu. Le visage de ma douce Tralala se tordit soudain, sa poitrine se souleva, tout son corps se tendit, et un cri monstrueux sortit de sa bouche grande ouverte et méconnaissable. « Ringoooooooooooooooooooooooooooo !!! » Ahuri, stupéfait, je vis le esprit derrière les tam-tams adresser un clin d’œil à ma tendre Tralala. Mais déjà d’autres hurlements se mêlaient au sien, saluant les musiciens. L’ébahissement, la colère, la tristesse se disputaient mon âme. Pantelant, je demeurais un instant immobile, ne sachant plus que faire, ni que dire.
Soudain, je fus sauvé par les grands esprits qui entonnèrent leur chant d’amour, rassemblant les morceaux brisés de mon cœur et me le rendant intact. Ébloui par les voix de Paul et de John, ensorcelé par la guitare de George et le rythme de Ringo, je découvrais les beautés du vingtième siècle occidental et son rêve le plus fou : « Faites l’amour et des gâteaux, pas la guerre. »
Voilà j'espère que ça vous a plut, et que j'ai posté dans le bon endroit parce que j'irais quand même pas jusqu'à qualifier ça de l'art